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Copenhague

Climate Change,
Commons and Radical
Democracy in

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Bonjour à tous et à toutes,

 

Du 23 au 25 mai nous nous sommes rendu.e.s au Danemark à Copenhague. 

Au cours de cette de cette étape de “pause” à mi parcours de notre voyage, nous en avons profité pour nous rendre à Christiania, un quartier anarchiste emblématique et “commun” connu internationalement. Entre utopie et désillusion, le rêve de quelques un.e.s perdure malgré tout depuis plus de 50 ans.

NAISSANCE DE LA VILLE LIBRE DE CHRISTIANIA : 1971-2013

Située initialement sur les 34 hectares de l'ancienne caserne de l’armée danoise de Bådsmandsstræde, Fristaden Christiania (“Ville libre de Christiania”) a été fondée par une cinquantaine de personnes en 1971 dans un contexte de crise du logement au Danemark. Après la destruction par des citoyen.ne.s des clôtures de la caserne, le journaliste proche du groupe contestataire et libertaire hollandais Provo, Jacob Lugvidsen, rédige un article  intitulé “Émigrez avec le bus 8” dans un journal underground nommé Hovedbladet, pour annoncer l'ouverture de la “ville libre” de Christina et inviter à la rejoindre. Dans sa charte co-rédigée par Ludvigsen et d'autres occupant.e.s, la ville autoproclamée définit son fonctionnement en communauté intentionnelle autogérée : 

“ L'objectif de Christiania est de créer une société autogérée dans laquelle chaque individu se sent responsable du bien-être de la communauté entière. Notre société doit être économiquement autonome et nous ne devons jamais dévier de notre conviction que la misère physique et psychologique peut être évitée.”

Le système d'autogouvernement de la communauté de Christiania 

La ville de Christiania s’est construite et organisée en marge de la société danoise autour des principes d’autogestion, d’autosuffisance, de tolérance, de liberté, et de bien-être. Le fonctionnement de la ville est largement influencé par la pensée anarchiste, même si aujourd’hui peu de ses habitant.e.s s’en réclament.

 

Christiania possède son propre drapeau (voir ci-dessous), son hymne (Det Internationale Sigøjner Kompagni - I Kan Ikke Slå Os Ihjel) et ses propres règles et assemblées.

Au cours des cinquante dernières années, certain.e.s habitant.e.s ont également pu être élu.e.s dans les institutions publiques, comme Tine Schmedes, élue de la Représentation des citoyen.ne.s de Copenhague pour la Liste des femmes (1974-1977), et connue pour avoir été bannie après avoir allaité son enfant lors de la première réunion...

Au cours des cinquante dernières années, certain.e.s habitant.e.s ont également pu être élu.e.s dans les institutions publiques, comme Tine Schmedes, élue de la Représentation des citoyen.ne.s de Copenhague pour la Liste des femmes (1974-1977), et connue pour avoir été bannie après avoir allaité son enfant lors de la première réunion...

Une ville-modèle d’autogestion ?

Tine Schmedes

En plus des habitations, les activités industrielles, artisanales, commerciales, culturelles, sanitaires, théâtrales s'organisent dans la ville.

 

Christiania a son propre jardin d'enfants, une boulangerie, un sauna, une unité d'éboueur.se.s/recycleur.se.s indépendante des services municipaux, des bulldozers, une fabrique de vélos, une imprimerie, une poste, une supérette, une maison de santé, une radio libre, des d’ateliers de restauration de poêles anciens ou de voitures anciennes, un cinéma “Byens Lys” (“Les Lumières de la Ville”), des bars, des restaurants et des lieux de spectacles. L'agrandissement et la rénovation des égouts de Christiania ont été réalisés par les résident.e.s elleux-mêmes.

 

Malgré sa grande autonomie, le quartier de Christiania n’a jamais réussi à s'émanciper intégralement de toute dépendance au monde extérieur. 

Christiania aujourd’hui : entre tourisme et résistance

­Aujourd'hui, 1000 personnes vivent toujours à Christiania. Toutefois,  la “ville libre” fait face à de nombreuses difficultés depuis plusieurs années : conflit avec les autorités locales et avec la police, phénomène de gentrification et touristification du lieu.

 

Dans un mouvement général de normalisation et d'uniformisation du pays, le Premier ministre libéral-conservateur Anders Fogh Rasmussen décide de s'attaquer au «cas» Christiana qui autorise la vente de cannabis. En 2007, une première maison est démolie, entraînant une vive contestation, puis  un conflit avec la police. Au fil des années, le gouvernement danois n’a cessé de chercher à régulariser l’occupation juridiquement  “illégale” des lieux. En interne, de nombreux conflits ont opposé les militant.e.s du lieux et les vendeur.se.s de cannabis, l’argument de la vente de drogue étant largement mis en avant par les gouvernements successifs pour justifier le démantèlement du lieu. L’expulsion de Christiania est toutefois délicate à mettre en œuvre pour un Etat qui devrait reloger l’ensemble des habitant.e.s du lieu. De plus, plusieurs centaines d’habitant.e.s bénéficient d’une aide sociale fixée à un prix particulièrement bas. En cas d’expulsion et de relogement, l'aide versée devrait être augmentée pour payer des loyers plus chers.

 

La pression gouvernementale qui a ponctué les cinquante années d’occupation du terrain a abouti à la création d’une fondation par la communauté de Christiania qui a racheté en 2012 7,7 hectares des 34 hectares originels (soit 20%). Les habitant.e.s versent désormais un loyer au gouvernement et sont contraint.e.s de se soumettre à la propriété individuelle, principe auquel iels s’opposent initialement… Les habitant.e.s sont donc des propriétaires et l’Etat considère chaque habitant.e comme un individu responsable de payer ses propres factures et impôts et non comme un collectif d’individus. Depuis la loi de 2013, l’état d’exception qui s’appliquait à Christiania a été supprimé, mettant fin aux quarante années d’expérimentation sociale et politique du lieu. Le quartier est désormais soumis aux mêmes lois que le reste du Danemark.

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