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Bari

Climate Change,
Commons and Radical
Democracy in

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Bonjour tout le monde ! 

 

Dans cette newsletter, nous allons vous donner des nouvelles de notre passage à Bari et vous parler plus spécifiquement de Villa Roth.

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À Bari, sur la côte Sud-Est de l'Italie, nous avons découvert un réseau d'initiatives citoyennes très interconnectées entre elles. Nous avons échangé avec Moro, l'un des habitant.e.s de Villa Roth, un lieu autogéré par des réfugié.e.s qui joue un rôle politique et social majeur au sein de la ville.

LA VILLE DE BARI

Bari est une métropole de taille moyenne, comparable à la ville de Nantes en France avec 320 000 habitant.e.s. Située sur la côte Sud-Est de l'Italie, la ville fait face à un fort flux migratoire depuis le début de la crise libyenne en 2011. Depuis 19 ans, la municipalité est gouvernée par le parti de centre gauche “Partito Democratico” (PD, Parti Démocratique). 

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Face à l'afflux de réfugié.e.s, une réponse institutionnelle absente

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Moro est ghannéen. Il travaillait en Libye en 2011 quand la guerre civile a éclaté. Après avoir traversé la Méditerranée, il est hébergé dans un camp de réfugié.e.s à proximité de Bari à partir d'avril 2011. Face à l'absence de prise en charge par les autorités italiennes, il commence à organiser des manifestations et des blocages avec un groupe d'environ 200 réfugié.e.s pour demander des titres de séjour. Après trois années d'errance dont une en camp, le collectif lance une première occupation dans un grand bâtiment abandonné de l'agglomération de Bari. Malgré l’insalubrité du lieu, cette initiative leur permet d’attirer l’attention et de s'ancrer dans le paysage social local. En collaboration avec plusieurs mouvements citoyens locaux, iels créent une association nommée Soledaria qui vise à soutenir des projets permettant l’intégration des réfugié.e.s.

 

En 2014, le nouveau maire (PD) Antonio Decaro leur met à disposition l’ex Set, un grand garage abandonné du quartier Libertà, en périphérie de Bari. Seulement celleux ayant obtenu un titre de séjour peuvent y accéder. À l'intérieur, les conditions de vie sont déplorables. Sous la tôle du hangar, les réfugié.e.s dorment à huit dans des tentes sous lesquelles il fait plus de 50°C l'été.

 

Pour sortir de cette situation, la municipalité propose de construire un autre camp d'accueil temporaire en préfabriqués qui serait financé par des subventions de l’Union Européenne. 
La communauté de réfugié.e.s refuse cette solution et réclame une prise en charge plus pérenne. La ville rétorque alors qu’elle est dans l'impossibilité d’apporter une autre forme d’aide. En effet, les subventions étant issues d’un fond d’urgence, elles ne peuvent être débloquées que pour une solution temporaire.

 

En 2015, alors que l’ex Set est occupé depuis plus d'un an, la médiatique présidente de l'ONG Emergency, Cecilia Strada, visite le camp. Face au sort déplorable réservé aux réfugié.e.s, elle témoigne de sa “honte” lors une prise de parole télévisée. Ces propos donnent un coup de projecteur sur la situation et poussent le maire, Antonio Decaro, à céder deux autres lieux aux réfugié.e.s : Le Palazze et Villa Roth.

 

Le Palezze est géré par une coopérative à qui la commune a déjà délégué la gestion d’une dizaine d’autres lieux d'accueil de réfugié.e.s. Chaque jour, la société perçoit de l’argent en fonction du nombre de personnes accueillies. Plutôt que de redistribuer cet argent aux réfugié.e.s pour leur assurer un accompagnement et des possibilités d’insertion, la coopérative met en place des règles de vie très strictes sur le site. Par exemple, si les personnes hébergées sortent du camp pendant plus de 48 heures, elles se voient refuser l’accès à leur retour. Cet exemple illustre l’état de dépendance dans lequel les réfugié.e.s sont maintenu.e.s, les privant ainsi de toute possibilité d’émancipation. 

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VILLA ROTH : UN EXEMPLE D'AUTONOMISATION ET D'EMANCIPATION PAR L'AUTOGESTION

À Villa Roth, où nous avons rencontré Moro, la situation est très différente de Palezze. Située proche du centre ville de Bari, cette ancienne villa romaine abandonnée est habitée par une vingtaine de réfugié.e.s depuis presque 8 ans. Malgré l’état de dégradation du bâtiment, les conditions de vie y sont bien meilleures que dans les camps précédents.

 

L'autogestion du lieu est l'une des clés de cette réussite. Les habitant.e.s se réunissent en assemblées hebdomadaires pour organiser leur vie sur place. Iels ne bénéficient d’aucune aide financière publique, mis à part les blocs sanitaires installés à côté du bâtiment et nettoyés chaque jour par les services municipaux. Ce mode de fonctionnement leur permet une autonomie et une sécurité essentielle pour trouver un travail et construire leur nouvelle vie.  

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Aujourd'hui Villa Roth est connue de tous.tes dans la région, et de nombreux.ses réfugié.e.s de passage à Bari peuvent y être hébergé.e.s temporairement, y trouver de l'aide dans leurs démarches administratives ou obtenir une assistance juridique pour leur régularisation. Les membres de la communauté sont maintenant reconnu.e.s comme des interlocuteur.trice.s privilégié.e.s par les services de la mairie, facilitant ainsi l'accueil et la prise en charge des nouveaux.elles arrivant.e.s. Ouvert sur la ville, l'endroit est désormais très intégré au sein du quartier dont iels reçoivent quotidiennement des dons de nourriture ou de vêtements. 

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Une collaboration étroite avec les initiatives citoyennes locales

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La réussite de Villa Roth s’explique aussi par sa capacité à travailler avec les initiatives citoyennes déjà implantées localement. En effet, dès les premières mobilisations en 2011, plusieurs réfugié.e.s ont co-créé l'association Soledaria en collaboration avec Bread & Roses, un “commun” autogéré se définissant comme un espace d’entraide (“spazio di mutuo soccorso”).

 

Au-delà de la difficulté d’accès au logement, les réfugié.e.s sont souvent les victimes d’un vaste réseau d’exploitation mis en place à l’échelle de la région, notamment dans la ville voisine de Foggia à 130 km à l’Ouest de Bari. En s’appuyant sur cette main d'œuvre bon marché, les exploitant.e.s peuvent bénéficier de plus grosses marges sur la vente de leurs produits et/ou exercer une concurrence déloyale. Pour contrecarrer ces pratiques, l’association Soledaria parvient grâce à la vente de sa sauce tomate “SfruttaZéro”,  à garantir un salaire digne et légal à tous.tes ses salarié.e.s. La production est vendue par le biais de FuoriMercato, un réseau national de vente directe de produits alimentaires, en dehors du marché. Soledaria emploie donc légalement de nombreux.ses réfugié.e.s en leur proposant un contrat de travail, nécessaire pour le renouvellement de leur permis de séjour. 

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L'initiative de Villa Roth illustre les rapports paradoxaux que peuvent entretenir des initiatives citoyennes autogérées et les institutions. Alors que leur utilité sociale et leur autonomie est reconnue par la municipalité, cette dernière refuse pour le moment de financer des travaux de rénovation du bâtiment. Fidèles à leur culture de l’autoorganisation, les habitant.e.s ont lancé un crowdfunding pour commencer à acheter du matériel et effectuer les réparations les plus urgentes. Pour les soutenir financièrement, c'est ici !

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